Daddy, Schultheiss.
Jésus est envoyé sur Terre par son père... Signe de l'imminence de l'Apocalypse? Mise en garde pour le Jugement Dernier? Rien de tout cela. Mais plutôt un ultimatum dans lequel Jésus se retrouve coincé. Il a le choix: se déclarer aux hommes et souffrir une seconde fois du supplice de la croix, ou dissimuler sa véritable identité et en payer le prix. Ne souhaitant pour rien au monde céder aux exigences de son '' Daddy '' qu'il juge absurdes, Jésus se retrouve privé de la vue et se voit affublé d'un étrange bouffon issus du Royaume des Enfers, en guise de chien d'aveugle.
Désespéré par l'attitude de Dieu qui ne répond jamais à ses questions, Jésus sombre dans la drogue, seul remède face à la souffrance qu'il ressent devant la détresse des Hommes. Tenaillé entre le désir de sauver l'humanité et par les conseils malfaisant de son compagnon, Jésus alterne miracles et massacres. Le comportement de Jésus, tantôt touchant, tantôt héroïque et tantôt désabusé et violent ne laisse pas au lecteur le luxe d'en prédire les actes futurs . S'il se reconnait en lui en page 6, il ne le comprends plus en page 8, et ainsi de suite... Avec sa bedaine impressionnante, sa longue barbe et ses lunettes noires, Jésus ressemble bien plus à un membre de Led Zeppelin qu'à l'idée qu'on se fait de lui, étendu sur sa croix. Mathias Schultheiss ne laisse aucun point de côté. Scénariste reconnu et souvent recommandé, c'est un dessinateur et un encreur de talent, comme le démontre son travail sur
Daddy. Véritable maelström d'image, chaque détail a son importance. Et si les caniveaux sont nets et propres lorsque Jésus est calme, ils disparaissent tout simplement lorsqu'il perd le contrôle de lui-même. Alors, les images se mélangent entres elles, fusionnent et s'entrechoquent tout en gardant la beauté du dessin intacte. Puis, crayonnés en blancs, de multiples graffitis, semblables à des dessins d'enfants, se superposent sur le dessin de la BD en elle-même. Représentant des personnages humains, souvent glauques derrière leurs apparences innocentes, ils échappent parfois au regard du lecteur qui ne le remarquera qu'à la 2em lecture..qu'il s'empressera sans doute de commencer sitôt l'ouvrage terminé.
9/10
Florian
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