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jeudi 5 décembre 2013

Le pere noel? un deus Ex Macchina payen! un cadeau pour le cousin ingénieur ou militant.


Ex Machina :





Alors simple ingénieur, Mitchell Hundred est appelé pour identifier un objet étrange sous le pont de Brooklyn. Bien que ça ne soit pas la bombe que d'aucun pouvait craindre, l'artefact explose, blessant Mitchell au visage et lui conférant l'incroyable pouvoir de se faire obéir par les machines. Il se décide donc à utiliser les compétences qu'il vient d'acquérir pour faire le bien auprès de ses concitoyens avec plus ou moins de réussite. 3 ans plus tard, en janvier 2002, il devient maire de New York, bien déterminé à changer les choses.


Ex Machina nous raconte l'histoire d'un super-héro qui fait le choix des responsabilités plutôt que des pouvoirs. Plutôt que d'aider les individus, il se confie la mission d'aider la population dans son ensemble en embrassant une carrière politique et publique plutôt qu'une identité secrète. C'est une vraie vision à contre courant que nous propose Brian K. Vaughan et c'est ce qui fait le sel de cette histoire. En lieu et place d'une célébration du pouvoir individuel, c'est le pouvoir collectif et civil qui est ici mis en avant. Malgré cela, les amateurs d'aventurier masqué seront tout de même comblés par les flashback récurrents sur la carrière héroïque de Mitchell et son utilisation discrète actuelle de ses pouvoirs. Ce comic est une sorte de House of Cards mâtiné de super pouvoirs qui saura sans aucun doute séduire même les exigeants du scénario.


"Deus ex machina, littéralement le dieu qui sort de la machine. Une personne ou une force qui fournit une solution improbable à une situation impossible. C'est le nom d'un dispositif mécanique qui servait aux dramaturges de la Grèce antique pour déposer sur scène les acteurs qui interprétaient des divinités."




Mitchell Hundred est élu maire de New-York.Il doit immédiatement faire face aux pressions, menaces et basses manœuvres de la haute sphère politique américaine. Mais il a quelques arguments de poids de son côté : une équipe de proches collaborateurs fidèles et efficaces, et accessoirement un super pouvoir lui permettant de communiquer et de se faire obéir de toute machine à proximité. Car Mitchell Hundred est aussi le premier et unique super héros américain, mais il reste bien éloigné des archétypes véhiculés par les comics…

Confronter un super héros au petit panier de crabe de la politique, voici une idée séduisante sur le papier. Hundred est donc un super héros ayant quitté sa cape et son costume après s’être rendu compte de sa quasi inefficacité au quotidien, et qui a brigué un mandat électoral de manière indépendante en espérant changer les choses. Il profite de sa popularité soudaine pour tenter de faire avancer ses idées, mais se retrouve rapidement confronté à l’incompréhension de certains, la mesquinerie de beaucoup de ses collègues ou la capacité de nuisance effroyable des médias. Vaughan lance donc un personnage censé être surpuissant dans un milieu dont il ignore les règles, et le laisse se débattre au milieu de ces requins sans foi ni loi.

Comme à son habitude, Brian K. Vaughan n'a pu s'empêcher de venir insérer un certains nombres de thèmes à travers son oeuvre, y insérer ses idées ou en tout cas lancer certaines pistes, comme le mariage homosexuel par exemple. Chacune de ces thématiques est apportée par un nouvel événement, jamais bêtement. L'idée est que tout est rattaché à l'histoire, la vie politique d'Hundred ou encore au retour de son passé. Là est certainement l'une des forces majeures d'Ex Machina et de la carrière du scénariste. Ne jamais jeter ses idées n'importe comment, et surtout ne pas faire part d'une bête démagogie. Car si on sent aisément le côté progressiste des idées avancées, le personnage même d'Hundred n'est pas aussi simple que ça. Les personnes qui l'entourent le sont tout autant, le développement de chacun des protagoniste est relatif à leur importance dans le récit.



Ce récit passionnant est mis en images par un dessinateur au trait criant de réalisme et offre une crédibilité et une véritable personnalité aux personnages.

La partie visuelle d'Ex Machina n'est pas en reste. Tony Harris dessine dans une veine très réaliste, livrant des planches très lisibles, ainsi que certaines cases très puissantes. Certaines postures paraissent un peu rigides mais il n'y a rien d'étonnant puisque l'artiste use de photographies pour la réalisation de son travail.


Ex Machina est une série incontournable qui n'a de cesse de s'améliorer au fil des épisodes.








Ne passez pas à côté !





Le trait de Tony Harris met avec talent en image l'histoire de Vaughan. Le réalisme convient parfaitement à cette histoire urbaine, très encrée dans notre monde. Les effets d'ambiance sont bien choisis et nous happent sans peine dans ce scénario, notamment grâce aux couleurs appliquées intelligemment par JD Mettler. On regrettera peut-être que New York ne soit pas plus présent dans le récit, le dessinateur comme le scénariste mettant plus l'appui sur les personnages que les lieux.

De nos jours, un homme déclare qu'il va raconter les 4 années pendant lesquelles il a été le maire New York, de 2002 à 2005.
La scène suivante se déroule en novembre 1976 : le jeune Mitchell Hundred observe sa mère en train de gérer des élections pour une ligue féministe.

Deux pages plus loin, le récit a fait un bon au 09 janvier 2002 : lors d'un discours en public Hundred (maire de New York) est victime d'une tentative d'assassinat. Il arrête le tueur en parlant à son pistolet. Il se fait tancer par Rick Bradbury (son garde du corps personnel) pour s'être lancé dans l'action au lieu d'avoir laissé les agents de sécurité s'en charger.


De retour au 18 octobre 1999, le lecteur assiste à l'incident qui a permis à Mitchell Hundred d'acquérir sa capacité à se faire obéir des machines.

Les allers-retours temporels alternent ainsi, permettant de découvrir quelques fragments de sa tentative d'être un superhéros nommé Great Machine, comment il a recruté son directeur de campagne, etc. Dans cette première histoire, en tant que maire, il doit également gérer l'exposition d'une oeuvre d'art (partiellement financée par des fonds publics) créant une forte polémique, et l'assassinat de 2 conducteurs de chasse-neige.

La façon la plus simple de parler de cette série serait de la décrire comme un croisement improbable entre une série de superhéros adulte dans son traitement, croisée avec une série de politique fiction de type The West Wing ou House of Cards, à l'échelle d'une municipalité et non de la Maison Blanche. Ce serait à la fois réducteur et trompeur. Il s'agit donc d'une série terminée en 50 épisodes plus 4 numéros spéciaux publiés en 5 ans d'août 2004 à août 2010, avec un seul et unique scénariste : Brian K. Vaughan, déjà connu pour un passage sur Swamp Thing, la série "Y, the last man" et d'autres encore.


Vaughan a choisi de fragmenter sa narration sur plusieurs années différentes. Le récit principal suit les activités de Mitchell Hundred alors qu'il entame son mandat de maire. Au fur et à mesure les retours en arrière viennent apporter des informations complémentaires sur les actions de Hundred en tant que superhéro, ou jeter un éclairage sur ses relations avec Rick Bradbury (chef de la sécurité), Ivan Tereshkov (surnommé Kremlin, ami de la famille s'étant régulièrement occupé de lui), Amy Angotti (la préfète de police de New York), Dave Wylie (son responsable de campagne et premier adjoint), Candice Watts (la chef de son cabinet), et Juliane Moore (une jeune stagiaire). Son récit est essentiellement porté par les dialogues, ce qui met l'inventivité de Tony Harris à rude épreuve. Il se retrouve contraint de devoir trouver des mises en scène et des directions d'acteur pour rendre ces scènes de dialogues vivantes.

Les pages de Tony Harris sont très agréables à lire. Il apporte un regard dissocié des comics de super-héros, avec des éléments qui prouvent qu'il prête attention à l'architecture, la décoration et l'aménagement intérieur. Les décors ne constituent pas une analyse critique de l'architecture de NewYork, ou un catalogue d'ameublement, mais Harris insère de temps à autre un élément qui dépasse la représentation basique. Par exemple il dessine un escalier métallique en colimaçon qui montre qu'il a une idée assez précise de cet objet dans la réalité. Les fauteuils et la table présents dans le bureau de réunion de la mairie correspondent à ce que l'on peut trouver dans ce genre de pièce. En outre, petit à petit, Harris développe sa capacité à faire exprimer des émotions ou des intentions au travers du langage corporel des individus. La dernière scène entre Hundred et Journal Moore en dit très long sur leurs sentiments, tout en implicite.

Au début le papillonnage d'une année à l'autre peut être assez agaçant, comme si l'auteur n'arrêtait pas de zapper de peur de perdre l'attention du lecteur, ce qui oblige ce dernier à essayer de reconstituer la chronologie des événements pour s'assurer de ne pas passer à coté d'un lien de cause à effet. Au fil des pages qui se tournent, le lecteur a la surprise de découvrir que Vaughan propose une approche du superhéros Great Machine très réaliste. Mitchell Vaughan est un amateur dont l'efficacité des interventions est limitée par son manque de savoir faire. Dans la réalité, le concept de super-héros n'est pas viable. De ce point de vue, sa description des interventions de Great Machine est aussi intelligente que novatrice.Vaughan met en scène deux problématiques (le financement public d'une oeuvre d'art polémique, et le maintien de la viabilité hivernale) qui prouvent qu'il a une connaissance pas si superficielle que ça des missions d'une municipalité. Il traite la résolution de ces deux conflits d'une manière romancée avec un ou deux raccourcis qui font sourire , mais ça n'enlève rien à la pertinence de ces problèmes.

On ne s’ennuie pas un instant avec ce Ex Machina bien écrit, intelligent et accrocheur. Le dessin hyper réaliste de Tony Harris accentue le débat. Il y a une bonne approche de la co-habitation entre célébrité, le mépris des électeurs, les hauts et les bas d’un politicien. Un thriller qui marque une évolution dans le comics.

Brian K. Vaughan et Tony Harris agrippent le lecteur pour le projeter dans un récit à la structure temporelle alambiquée. Ils captent ainsi son attention et lui proposent de découvrir le maire de New York qui est un ex-superhéros, en train de gérer une oeuvre d'art polémique cofinancée par la municipalité, et un retard dans le déneigement des rues de la ville.




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