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mercredi 5 mai 2010

Mon prénom est Daniel

L'adage dit que trop de Daniel tue Le Daniel, et patin couffin, mais non! en trois semaine trois Daniel Clowes sont arrivés à la librairie. Deux en français et une en anglais.
Commençons par la vf:
  
- Le monde de Lloyd Llewellyn

Le monde de Lloyd Llewellyn, D. Clowes, Le 9eme monde, 39,95€.
La compilation des aventures envoutantes de l'improbable playboy détective privé façonné par l'esprit torturé du jeune Daniel (ce sont ces premières planches parus à compte d'auteur/créateur, avant cela il n'avait "que" participé  à Love & Rockets) Clowes, fraichement sortit de l'école.

Jubilatoire et irrévérencieux, la patte "Clowes " est déjà présente!


Le rayon de la mort, D. Clowes, Cornélius, 16€.

Quand Dany décide de créer un super héros, ça donne cela:

Un ado en fumant sa première cigarette découvre que cela déclenche en lui une force surhumaine!
Son scientifique de pere (mort depuis d'un cancer) lui a inoculé un pouvoir qui ne fonctionne qu'au contact de la fumé... et lui a fabriqué un rayon de la mort comme arme de défense!

Pas besoin d'en dire plus, c'est juste à mourir... de rire!

Et puis vient d'arriver la vraie nouveauté tant attendu:
Wilson!
De la vraie nouveauté, car Death Ray est sortit y'a un bail aux States( 5 ou 6 ans), et Wilson est un bijou!
Wilson est un pari narratif : Clowes fait usage d’une manière différente de séquencer son histoire. A chaque page correspond une unité complète, un bout de récit, un gag, un extrait de la vie de son personnage. Les pages tiennent ainsi pratiquement toutes seules, mais Clowes les agence néanmoins pour qu’elles finissent par former une vraie narration distendue. L’espace entre les cases devient ainsi doublé d’un espace entre les pages qui propose au lecteur de composer ses propres ponts, de se faire son cheminement presque tout seul au sein de la vie du personnage. Clowes, comme pour appuyer son récit, utilise peu de moyens, peu d’effets : il ne dessine que l’essentiel et semble s’être concentré sur l’amertume et la violence tendue des mots que Wilson dit en permanence. En quelque sorte, le livre tient quasiment du monologue dit par son personnage d’un bout à l’autre, tenant l’histoire comme on tiendrait un journal du dégoût du monde, des autres.Il y a du Brunetti dans le travail de Clowes, mais aussi une véritable mise en abime de l'humain, de ses rapports, des attentes et des envies. Le fait d’auto-centrer le sujet du livre sur le personnage de Wilson, aussi talentueux soit Clowes, appauvri néanmoins son projet final. Quant au système narratif fragmentant l’ensemble page par page, on peut aussi y voir une référence à la bande dessinée européenne, Franquin, par exemple, sur sa série des “Gaston Lagaffe”, 1 page / 1 statement ( pas forcément une blague d’ailleurs, plutôt une réflexion). Chez Schulz, le découpage n’est pas par pleine page, ou rarement. De plus, chez Franquin, il y a cet unique personnage et son propre langage, ce que l’on retrouve chez Clowes. Il y a aussi l’influence de Woody Allen, évidente, dans la morosité et frustration du personnage… Et la grande “nouveauté” de ce livre de Clowes est le fait qu’aucun extrait n’ait été publié avant la sortie du volume final – bonne idée ou non ? Référence à Schulz pour le ton et non pour la mise en page :il n’a pratiquement fait que des strips de ses Peanuts, mais le ton qu’il employait, à la limite du morose, se retrouve bien ici, mais comme filtré par la lecture des pages d’Ivan Brunetti, lui-même grand lecteur de Schulz… En y repensant, c’est vrai que la référence à la BD franco-belge à partir de Franquin, peut être une manière d’entrer dans ce livre, qui a le format, finalement, d’une bande dessinée européenne classique : il est cartonné, en couleurs, presque de la taille d’un Tintin. A rapprocher du format du prochain livre de Burns, lui aussi faisant référence directement au format des Tintin classique : couverture cartonnée, dos toilé, etc. Sans parler du personnage… Finalement, ce sont sans doute nos Américains préférés qui vont le mieux récupérer et faire grandir l’héritage de Franquin, Hergé et quelques autres, tandis qu’en France, on s’évertue faire de plus en plus d’histoires à l’américaine, non ?


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