J'adore Mr Otomo,
en sortant du club Dorothée, ce retrouver au ciné pour voir Akira, ça fait comme un choc.
Depuis j'ai lu le manga, la version us( couleur et censuré) la version japonaise( noir et blanc non censuré), et puis pas grand chose ne m'a fait frissonner et voyager autant que le travail de Katsuhiro Ōtomo, plus sauf peut être le boulot de Keiichi Koike.
Katsuhiro Ōtomo est passionné par le monde de la bande dessinée et du cinéma.
Un peu comme moi, la grande différence tient surtout à la qualité de ses dessins et à son univers.
Un peu comme moi, non je rêve les yeux ouverts.
Sa première histoire d'envergure est publiée en 1977. Intitulé Sayonara Nippon, ce manga raconte les aventures d'un karatéka à New York.
Amusant, vous allez comprendre pourquoi!
Akira commence à être publiée dans Young magasine en décembre 1982 . Brassant avec talent des thèmes classiques de la science-fiction, comme la manipulation psychique, la contre-utopie, dans un univers post-apocalyptique parfaitement dressé, Ōtomo, désormais totalement débarrassé de l'héritage de Tezuka qui marquait depuis les années 1950 la production japonaise de bande dessinée, « réinvente la bande dessinée à son propre compte »
Je pense que Keiichi Koike maitrise l'oeuvre d'Otomo sur le bout des doigts.
Akira fait parti des premiers mangas traduits en français et ne pas lire Akira sous prétexte que c'est un manga, c'est juste reconnaitre que l'on n'aime pas la bd, et que seuls les ignorants peuvent se permettre de dire des conneries.
Tout ça pour dire que quand Ultra heaven a été traduit par Glénat( encore eux, tiens?), le titre m'est passé à coté, je ne l'ai lu que quelques mois après, et la je me souvenu ce que j'aime chez Otomo, un trait, des décors, un univers , le futur, la critique de notre monde...
Ultra heaven peut sembler être une histoire d'Otomo, le jour ou Otomo consomme du lsd à la place de Chocapik, mais c'est surtout un graphisme bluffant que restitue l'imagination surpuissante de son auteur.
Dans un monde futuriste où l’usage des drogues est encouragé par tous les médias, un homme, toujours en quête de sensations fortes, recherche la drogue ultime, celle qui abolirait les frontières entre rêve et réalité. Sa quête le mène jusqu’à l’Ultra Heaven, une substance d’un genre nouveau, tellement expérimentale qu’elle ne circule que sous le manteau. Il décide de la tester, sans imaginer les conséquences que ce choix aura sur sa vie…
On pourrait alors croire que son scénario ne sera qu’un apprentissage des drogues, ponctué par un suite de poncifs qui ne laisserait au lecteur que peu de place à la réflexion. Il n’est heureusement rien. Même s’il évoque peu le futur dans lequel il situe l’action, on saisit rapidement la critique du système mis en place : une dépénalisation réglementée pour satisfaire la demande des salarymen, trop las pour tromper autrement leur ennui. Mais plus loin encore, Ultra Heaven est une recherche sur les sensations de chacun, et sur les raisons de cette évasion artificielle.
Loin des mangas linéaires, décomposés en chapitres facilement assimilables, et parfois dénués de construction avancée, le récit présente un schéma de plus en plus complexe, voire torturé, pour entraîner le lecteur dans la confusion et la panique du héros. On perd graduellement le peu de repères posés par le début de l’histoire et par une trame initialement basique ; on tombe dans une suite saisissante de tableaux alternant onirisme et réalisme sans pouvoir distinguer avec certitude l’un de l’autre. Malgré cette déstructuration du récit, on suit l’ensemble avec frénésie, devenant même accro pour tenter de percevoir le vrai du faux, pour autant que la chose soit possible.
Un peu de Moebius, un peu de Boucq, des éléments de science-fiction 70’s, quelques soupçons d’Akira, le tout sur un fond psychédélique où se côtoient trip hallucinogène et méditation transcendantale assistée par ordinateur, voilà le cocktail risqué que nous propose Keiichi Koike. Le plus étonnant, au premier abord, c’est le rendu visuel et graphique d’états de conscience altérés.
Côté graphisme, on est tout aussi bien servi ! Doublant le caractère ambigu du scénario, les planches présentent un découpage tantôt régulier, tantôt particulier jusqu’à devenir un amalgame d’images figurant l’incohérence sensorielle du héros. Cela rappelle les premiers découpages avant-gardistes d’Andréas, mais surtout certains récits de Moebius et de Georges Bess. On est réellement aspiré par ce flot de dessins, tournant les pages pour souffler dans les moments calmes, mais pour se rendre compte que l’apparence quiétude n’était qu’un leurre. Le second tome pousse encore plus loin ce principe fou en doublant le trip chimique à la technologie pour amplifier les niveaux de conscience. S’ensuit alors un très longue scène prenant presque tout le volume, mais qui n’apparaît durer qu’un faible temps, tant on se sent entraîné dans leur voyage psychédélique.
Véritable expérimentation, le manga, sur une trame mouvante dans laquelle on suit le personnage"marginal" et au fond désespéré, nous livre des moments et des visions délirantes, avec une acuité et une maîtrise de la logique à la bande dessinée étonnante ; jamais la succession des cases n’avait autant rendu la folie et ses détours. Des bras absorbés par des murs, des milliers de follicules qui rampent, la perception du temps qui vacille.
Vous l’aurez compris, ce récit ne s’adresse pas à tous les lecteurs : il faut pouvoir suivre l’auteur dans ses délires scénaristiques et graphiques tout en ne prenant pas au pied de la lettre ce monde dénué de tabou sur la drogue. Ce manga est fumé, souvent compliqué à suivre, mais vraiment intéressant, pour ne pas dire
hallucinant !
Mais attention, plus qu’une simple expérience de la drogue, Ultra Heaven est aussi la description d’un avenir tout à fait cohérent et réaliste. Là où le personnage principal est à la recherche de l’expérience ultime, celle qui lui permettra d’échapper à l’ennui fade de tous les jours, la majorité de la population, elle, se contente de supporter le quotidien morbide et ultra contrôlé du futur.
La police est à la fois discrète et omniprésente, tout comme la pub et les médias, l’humain moyen est un cadre sans histoire, dont la seule soupape de sécurité est l’utilisation d’une forme moins dangereuse et légalisée de drogue. En effet, plus personne ne va « boire », c’est trop imprécis, ça comporte trop d’effets secondaires non désirés. Les « pompes », pour injection rapide, contrôlent beaucoup plus efficacement les débordements de l’affect. Plus besoin dès lors de se soucier de l’insatisfaction, de la dépression et des autres dérèglements de la psyché, tout un chacun peut se rendre productif et efficace sans se laisser distraire.
Pourtant, si ces narcotiques inoffensifs sont une garantie de bonne humeur continuelle, tour à tour détendue et besogneuse selon l’envie, ils n’en rendent l’ensemble du monde que plus insupportable aux yeux de ceux que la réalité plate ne satisfait plus. Tel notre héros, prêt à se détruire, qui flaire l’arnaque derrière l’idée qui consiste à croire que tout ce que l’homme peut espérer de mieux, c’est de vivre une vie sans histoire, se conformer aux autres à travers un travail et une famille exemplaires et se détendre dans un bonheur vaguement artificiel.
Dans cetLa trame qui lorgne vers un
Ultra Heaven est manga riche qui vaut le détour !
quel est le rapport avec un karatéka à nyc, ou que j'écoute Dylan?
réponse au prochain post.
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